11 octobre comme 11 octobre 1972, fin du procès de Bobigny.
En ce début d'automne 1972, une décision du Tribunal pour enfants de Bobigny va faire date dans le combat féministe. C'est en effet, il y a 39 ans que Joseph Casonova, rend sa décision de relaxe de Marie-Claire Chevalier. retour sur un procès passionné.
Jeune lycéenne de 16 ans, Marie-Claire est violée par un garçon de son lycée et tombe enceinte. La lycéenne avec l'aide de sa famille prend la décision d'avorter. Sous le coup de la loi de 1920 interdisant formellement cette pratique, la police l'interpelle et un juge est saisi de l'affaire. Pendant l'instruction, un manifeste est publié dans le Nouvel Observateur dans lequel 343 féministes « déclare avoir avorté » dont certains noms connus comme Simone de Beauvoir,Catherine Deneuve, Jeanne Moreau, Françoise Sagan,... Le Mouvement de Libération de la Femme (MLF) en est à l'origine et demande sans répit la légalisation de l'avortement. C'est dans ce contexte que le procès commence. Mlle Chevalier est défendue par une brillante avocate, Gisèle Halimi qui -comme Badinter avec l'abolition de la peine de mort en 1976 lors du procès Patrick Henry- décide de faire un procès politique et place au centre du prétoire la légalisation de l'interruption de grossesse.
Cela aboutira à la relaxe de l'accusé, premier pas juridique vers la loi Veil de 1975 autorisant sous conditions, l'IVG (Interruption Volontaire de Grossesse).
« Je ne sais pas si Joseph Casonova mesurera l'importance et la portée de cette décision d'acquittement, mais il y a eu un avant et un après "Bobigny"» dira Jean-Pierre Rosenczveig, qui a succédé à Casonova à la tête du Tribunal pour enfants de Bobigny.
T. L.
Légende photo : Gisèle Halimi, le 11 octobre 1972 à Bobigny.