15 novembre comme 15 novembre 1884.
A l’heure de la course aux colonies, les puissances occidentales multiplient les conquêtes, au point parfois d’engendrer des discordes. En cette année 1884, c’est le bassin du Congo en Afrique équatoriale qui cristallise les tensions.
Il faut dire que le roi des belges Léopold II s’est personnellement intéressé à cette contrée. Après avoir fait explorer la région par Henry Morton Stanley, il crée successivement l’Association internationale Africaine et l’Association internationale du Congo. Ses ambitions sont connues de tous : il souhaite prendre possession de ce territoire. Pour autant, les expéditions de l’officier Pierre de Brazza ont également ouvert à la France la rive droite du fleuve Congo. Quant au Portugal et à l’Angleterre, ils se sont entendus pour prélever des taxes à l’embouchure du fleuve, et ce sans l’accord des autres puissances. Bismarck, l’homme fort du moment, entend lui-même s’impliquer dans ces affaires coloniales. Aussi saisit-il l’occasion pour organiser une rencontre internationale, dont l’objectif est d’établir des règles d’occupation à observer dans les régions « dont aucun pays civilisé n’a encore pris possession ».
La conférence de Berlin s’ouvre ainsi le 15 novembre 1884 autour des représentants de quatorze états. Parmi eux, aucun représentant africain n’est bien évidemment convié. Les protagonistes vont notamment chercher à assurer la liberté de navigation sur les grands fleuves africains et à définir des zones de libre-échange dans le bassin du Congo. Trois mois et demi et huit réunions plénières plus tard, les participants s’accordent sur un Acte final. Par cet accord du 26 février 1885, les puissances européennes se reconnaissent en quelque sorte le droit de s’approprier et d’occuper les terres africaines, pourvu que cela ne crée pas de conflit entre elles. Léopold II obtient quant à lui la création d’un « Etat Indépendant du Congo » dont il acquiert la propriété à titre privé. Gentleman, il décidera néanmoins dans son testament de léguer le territoire à la Belgique.
Ce contexte, qui voit les conquêtes coloniales en quelque sorte proclamées licites par tous les états occidentaux, galvanisera en France la volonté de la IIIème République de poursuivre son expansion coloniale.
Illustration : gravure représentant la conférence de Berlin, 1884
E. Eon