Il y a 164 ans paraissait le Manifeste du Parti Communiste.
«A l’échelle de l’histoire humaine, rares auront été les textes ayant pesé sur le cours des évènements, dont le souffle aura traversé plus d’un siècle et dont les lignes auront marqué la conscience et l’action de millions d’hommes […], le Manifeste est de ceux-là. » C’est en ces termes que le candidat à l’élection présidentielle, François Hollande, le décrivait dans la revue Regards en Mai 1998 à l’occasion du cent-cinquantenaire de la parution de l’ouvrage.
Paru pour la première fois en Février 1848, écrit par deux philosophes allemands, Karl Marx et Friedrich Engels, et traduit dans de très nombreuses langues, cet essai est considéré par quelques-uns comme les débuts réels de la doctrine communiste.
Christian Laval, professeur de sociologie et co-auteur de Marx, prénom Karl (Gallimard, 2012) « Le Manifeste est l’occasion pour les deux auteurs de résumer une conception politique qui rompt brutalement avec le sentimentalisme religieux qui imprégnait jusque-là le communisme. Les lignes de force se dégagent nettement d’un texte qui possède une puissance épique : l’histoire est la lutte des classes et conduit à l’abolition des classes ; le communisme n’est pas une idée mais un processus historique qui a sa nécessité objective ; les communistes n’ont pas à construire un mouvement inspiré d’un idéal mais à éclairer les luttes réelles et à montrer leurs ressorts économiques et leurs finalités historiques. »
Le philosophe trotskiste, Daniel Bensaïd, auteur de Marx l’intempestif (Fayard, 1995) poursuit : « A lire ces pages, on saisit, à l’état naissant, le vertige moderne devant l’évaporation de ce qui était « stable et solide », devant la désacralisation des valeurs qui « partent en fumée » ; au fil du texte prend chair la lutte des classes, s’esquisse la dynamique de la mondialisation marchande, s’annonce déjà l’étroitesse fatales des nations… »
Ce court texte fut donc un appel à l’indignation puis à la révolte. Il se conclut par cette fameuse diatribe : « Les prolétaires n’ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »
Le socialiste Hollande peut ainsi signaler que « redevenu aujourd’hui ce qu’il n’aurait dû cesser d’être –un texte de combat, non la source révélée de dogmes messianiques-, le Manifeste demeure une invitation toujours renouvelée que nous devons mener sur la libération humaine. »
T. L.