27 avril comme 27 avril 1969, victoire du « non » au référendum sur la régionalisation et la réforme du Sénat.
Les chiffres exacts tombent vers 23h00 : une majorité absolue de Français a voté « non » au référendum proposé par Charles de Gaulle, président depuis 1958. Tellement prévisible. Toutes les conditions étaient réunies pour que ce référendum soit le « suicide politique » du Général comme l’a affirmé Hubert Beuve-Méry, patron du journal Le Monde.
Tout d’abord l’objet même du référendum portait à confusion. Deux questions étaient posés : l’une sur la régionalisation (création de régions administrés par des conseils représentant les élus et la société civile), l’autre sur la réforme du Sénat (transformé avec le Conseil économique et social en nouveau Sénat n’ayant plus d’influence politique). En cela, on peut voir la cohérence du Président dans sa lignée politique en faveur de la participation populaire. Néanmoins à ces deux questions, l’Homme du 18 Juin ne demande qu’une réponse. Les 48 articles du projet sont également confus et difficile à comprendre. De surcroît, le climat économique et social est fragile depuis les évènements de Mai de l’année dernière. Par ailleurs, l’ensemble des forces de gauche et du centre se prononcent contre ce référendum, dont Valéry Giscard d’Estaing. Enfin, avec les déclarations de Pompidou de Janvier 1969 en voyage à Rome dans lesquelles il envisage sa candidature le moment venu, une alternance devient possible si le Général s’avérait être désavoué.
Lorsque De Gaulle rentre à Colombey, vendredi soir, il sait donc qu’il ne reviendra plus jamais à l’Elysée. En arrivant à la Boisserie il affirma même à son employée de maison : «Cette fois, Charlotte, nous revenons pour de bon.»
Et en effet, en ce dimanche soir, les prévisions se vérifient, De Gaulle est renié. Plus tard dans la soirée il annoncera donc par communiqué la cessation de ses fonctions présidentielles. Une illustre page de l’Histoire de France se tourne en cette glaciale nuit de Printemps.
T. L.