Actuellement en poste à New-York en vue de préparer le prochain sommet des Nations-Unies sur le développement durable qui se tiendra à Rio de Janeiro, nous avons contacté Brice Lalonde par mail.
Le fondateur du parti politique Génération Ecologie, l’ex-ministre de l’Ecologie sous le gouvernement de Michel Rocard mais surtout le candidat écologiste à la présidentielles de 1981, a répondu à nos questions sur l’ambiance et sa vision de la campagne. Un témoignage exceptionnel tant il fut une des révélations de celle-ci, à 35 ans ce militant des « Amis de la Terre » est, en effet arrivé en tête des petits candidats avec plus d’un million de voix (3,88%).
> Vous qui avez, il y trente ans participé à la campagne présidentielle, quel souvenir en gardez-vous ? Comment l'avez-vous vécue ? Quelle ambiance animait cette campagne ? Fut-elle particulière ?
Je l’ai vécue à la fois comme une irruption de l’écologie sur la scène politique nationale et une initiation au fonctionnement de cette scène politique, à ses rites, aux médias, aux grands partis. Nous formions une équipe enthousiaste et déterminée. Notre Etat-major était situé dans un atelier rue du Château-d’Eau à Paris. Les écologistes organisaient des réunions dans toutes les régions de France. Je n’ai jamais pris autant le train. L’ambiance est allée crescendo jusqu’au premier tour, avec des meetings toujours plus impressionnants. Nous avons été heureux d’arriver en tête des « petits candidats ».
> Dans quel contexte s'organisa-t-elle ?
C’était la montée du mouvement écologiste dans le monde et ce fut l’alternance en France. La gauche est arrivée au pouvoir après plusieurs décennies d’opposition.
> Comment avez-vous organisé votre campagne (stratégie, axes, thèmes,...) ? Qu'avez-vous pensé du manifeste de René Dumont (Seule une écologie socialiste) dans lequel il prônait une écologie socialiste ?
Notre campagne était organisée collectivement par une coalition transitoire des mouvements écologistes qui avait pour nom « Aujourd’hui l’Ecologie ». Nous avions retenu 5 thèmes principaux (ndlr : protéger la vie, briser la solitude, domestiquer l’économie, développer la solidarité mondiale, créer une véritable démocratie du quotidien) qui s’inspiraient de l’écologie et fuyaient le vocabulaire politique traditionnel. Nous avons épousé la cause des radios libres. Nous avions une grande admiration pour René Dumont. Nous étions d’accord avec la plupart de ses analyses, mais nous évitions d’employer le vocabulaire des autres partis politiques.
> L'élection d'un socialiste était-elle prévisible ? Pourquoi ?
Il est très difficile de confirmer ce qui était ou non prévisible avant l’élection, ce que je peux dire c’est que les français étaient las de la dérive monarchique du septennat de Giscard d’Estaing.
> Quels ont été vos rapports avec le PS de François Mitterrand ? Pourquoi avez-vous choisi de ne pas le rallier au second tour ?
Mes rapports avec François Mitterrand étaient excellents. Le local des Amis de la Terre était voisin de sa maison. Mais les écologistes avaient choisi de ne se désister pour personne.
Demain la semaine consacrée au 10 mai 1981 continue avec le précieux témoignage de Roland Dumas.
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