24 avril comme 24 avril 1916, début de l’insurrection en Irlande.
En ce lundi de Pâques (cette insurrection sera donc surnommée la « Pâques sanglante ») de 1916, Dublin est le théâtre d’un énième soulèvement contre l’occupation britannique après ceux de 1798, 1848, et 1867. L’Irish Republican Brotherhood (La Fraternité Républicaine Irlandaise) prend le contrôle de bâtiments stratégiques. Cette organisation nationaliste secrète présidée par l’instituteur et poète Padraig Pearse préparait ce soulèvement depuis longtemps.
Quelques 800 hommes vêtus d’uniforme gris et bleus, armés de fusils de type Mauser et Lee Enfield et dirigés par le syndicaliste marxiste James Connoly prennent ne serait-ce que pour la journée le contrôle partiel de plusieurs quartiers de la capitale irlandaise. L’indépendance est proclamée par le président, Pearse : « Nous proclamons ici la République Irlandaise, Etat indépendant et souverain et nous vouons nos vies et celles de nos compagnons d’armes à la cause de sa liberté, de sa prospérité et de son élévation parmi les Nations. » Le drapeau tricolore vert, blanc et orange (symbole d’union entre les orangistes, protestants du Nord-Est et les Irlandais d’origine) flotte en ce jour historique. James Connolly exulte, lui qui lutta depuis plus de trente ans aux côtés des ouvriers, lui qui crut en l’alliance de son mouvement syndical et de la mouvance nationaliste de Pearse pour la libération de l’Irlande, enfin la voilà cette insurrection tant attendue !
Néanmoins comme on pouvait s’y attendre, l’Empire Brittanique reprit le dessus au prix d’une sanglante boucherie dans les rues de Dublin. Bilan : 500 morts, 2500 blessés et plus de 2000 personnes arrêtés. Padraig Pearse et le celui que l’on surnomme le « Jaurès irlandais », James Connolly n’y échappe pas, ils sont tous les deux condamnés à mort par la Cour martiale.
A son procès, Connolly déclara : « Croyant, comme je l’ai fait, que l’Angleterre n’ aucun droit en Irlande, n’a jamais eu aucun droit en Irlande, et n’aura jamais aucun droit en Irlande, je remercie Dieu d’avoir assez vécu pour voir le jour où des milliers d’hommes et de garçons irlandais, des centaines de femmes et de jeunes filles irlandaises, étaient prêts à témoigner de cette conviction, de leur vie s’il le faut. Aussi longtemps que ce sera le cas, la cause de la libération irlandaise est entre de bonnes mains. »
T. L.