6 avril comme 6 avril 1896 date de l'ouverture des premiers Jeux Olympiques modernes.

            En ce matin du lundi 6 avril 1896, le stade tout juste fini d’être rénové –grâce aux dons d’un mécène grec, Georges Averoff- accueille plus de 60 000 personnes en ce jour historique : les Jeux Olympiques sont réhabilités. Il aura fallu attendre quinze siècles depuis la fin des Jeux Olympiques antiques (qui eurent lieu tous les quatre ans pendant plus d’un millénaire, de -776 à 393 après Jésus-Christ). Quinze siècles, plusieurs tentatives avortées de promenades olympiques (au Royaume-Uni, en France, aux Etats-Unis et au Canada notamment) et l’incroyable œuvre du baron de Coubertin pour que les Jeux soient à nouveau réintroduits. 

            La veille, sous un soleil de plomb, le roi de Grèce, Georges Ier, les a déclarés ouverts et en a profité pour prendre les mains de son voisin afin de le saluer : « Je sais, Monsieur de Coubertin, ce que ces Jeux vous doivent. » C’est en effet grâce à cet humaniste fervent et passionné de sport que les Olympiades –auxquelles la mémoire européenne réservait un culte particulier- ont revu le jour. La guerre de 1870 fut, pour l’enfant qu’il était, un tel traumatisme qu’il voyait dans cette manifestation universelle rassemblant les Nations autour du sport un préalable pour un avenir pacifié. Après de nombreux entretiens, il réunit donc à la Sorbonne à l’été 1894 quelques délégations pour créer le Comité International Olympique chargé d’organiser la compétition avant la fin du siècle. Son initiative fut concluante. En ce lundi 6 avril 1896 les premières épreuves des premiers J. O. de l’époque moderne peuvent commencer. La compétition dure dix jours pour 44 épreuves dans neuf disciplines : athlétisme, poids et haltères, lutte, escrime, tir, cyclisme, gymnastique, natation et tennis. Pour l’anecdote, les sportifs français ont remporté 7 médailles.
Et c’est ainsi que les Jeux reprennent le rythme du rendez-vous quadriennal jusqu’à devenir aujourd’hui le programme télévisuel le plus suivi au monde (plus de la moitié de la planète a ainsi regardé l’ouverture des Jeux de Pékin en 2008). Entretemps, le nombre de Nations participantes est passée de 12 à près de 200 aujourd’hui, on augmenta le nombre de disciplines et le record du 100 mètres de Thomas Burke (12 secondes) a été pulvérisé mais l’esprit olympique est resté le même malgré les attaques qu’on a pu lui assigner (corruption, dopage). « Cituis, Altius, Fortuis. »

T. L.

 4 avril comme 4 avril 1791 où l’Eglise Sainte Madeleine devient le Panthéon.
En ce 4 avril, l’abbé Cerutti prononce en l’Eglise Saint-Eustache de Paris une oraison funèbre particulière, celle de Mirabeau.
Sa disparition brutale, survenue deux jours auparavant ém eut forte m ent le Peuple et la Constituante qui perd là bien plus que son prési dent. Cet ancien noble devenu l’un des principaux adversaires de l’absolutis me était, en effet, considéré comme le symbole de cette Assemblée. Cet homme, qui n’a pas hésité à publier les comptes rendus des Etats Généraux de 1789 dans son journal les Cahiers de Provence en passant outre la formelle interdiction du roi, était le guide des députés. A sa mort ceux-ci veulent donc lui rendre hommage et décide de la création du Panthéon afin de pouvoir y transférer ses cendres. Le lieu choisi est emblématique, ce sera en l’Eglise Sainte-Geneviève dont la construction menée par l’architecte Soufflot (ce passionné du style gréco-romain copie pour la façade le Panthéon de Rome) vient de s’achever. En hommage à Sainte-Genevi ève, héroïne dans la défense de Paris contre l’invasion barbare du Vème siècle. Ainsi l’article premier du « décret relatif aux honneurs à décerner aux grands hommes » affirme : « L ’Assemblée nationale décrète que le nouvel édifice de Sainte-Geneviève sera destiné à recevoir les cendres des grands hommes, à dater de l’époque de la liberté française. » Puis il évoque les conditions pour que le corps législatif juge digne de transfert au Panthéon les cendres d’un homme sur le thème -gravé sur le fronton de l’édifice-, « Aux grands hommes la patrie reconnaissante. » Pour l’anecdote, le premier à y être transféré fut un très court passage : en effet, on apprit très vite que Mirabeau avait été en contact avec le roi après la Révolution. En 1794, on le remplaça par Marat qui y restera, lui, qu’une seule année. Le Panthéon a donc eut une création assez tumultueuse si bien qu’il fut remis en question au cours du XIXème siècle. Ce n’est qu’en 1885 que la IIIème République entérine ce lieu que l’on surnommera bientôt « nécropole de la République. » A l’occasion du décès de Victor Hugo. Le premier des soixante et onze grands hommes qui y reposent aujourd’hui.

T. L.

3 avril comme le 3 avril 1922 où Staline est élu secrétaire général du Parti Communiste Russe.

Dès le début des années 1920, la santé de Lénine, leader des bolcheviks contrôlant la Russie depuis la Révolution d’Octobre, s’aggrave. Staline, qui occupe la haute fonction de Commissaire du peuple aux nationalités, a d’ores et déjà une plus grande et prestigieuse ambition : remplacer « l’homme de la Léna. »
Lorsqu’arrive le  XIe Congrès  –celui qui nous intéresse puisqu’il débouchera sur l’élection de Staline- au printemps 1922, la Russie va mal. « Nous ne savons pas gérer l’économie […] nous ne savons pas gérer les affaires » dit Lénine dont beaucoup veulent se débarrasser. Les débats sont durs et ils montrent que les trois secrétaires du Comité Central ne sont pas capables de contrôler les délégations. Lénine estime donc nécessaire de créer une structure permanente destinée à réguler le Politburo et le Comité central du parti. Le poste de secrétaire général est donc crée. De suite Staline y postule car il comprend que c’est le PC qui contrôle l’Etat et donc que c’est le chef du parti qui est le véritable dirigeant. Le Comité central voit en lui le candidat idéal car il est d’origine prolétarienne et l’élit à l’issue du Congrès sans que Staline n’ait pris une seule fois la parole. Cela marque le début de la lente transition du pouvoir de Lénine à Staline. Trotski, Kamenev, Zinoviev et ses autres opposants ne pourront l’arrêter après la mort de Lénine en 1924. Grâce à son contrôle de plus en plus étroit sur le parti, Staline dispose de tous les instruments administratifs et policiers pour conquérir seul le pouvoir. Ce qui sera définitivement chose faite en 1929, il y restera jusqu’à sa mort pour le meilleur mais surtout pour le pire. Lénine confiait d’ailleurs déjà à Trotski non sans regret après son élection du 3 avril : « Ce cuisinier nous préparera des plats épicés. » C’est une litote.

T. L.

2 avril comme 2 avril 1998 où Maurice Papon est condamné à dix ans de réclusion pour «complicité de séquestrations, arrestations illégales, assassinats et tentatives d'assassinat. »

Il est 9h12 en ce matin du jeudi 2 Avril 1998 lorsque la Cour d’Assises de la Gironde re nd son verdict après une nuit blanche et un délibéré de près de 18 heures. Après 6 mois de procès au lieu de 2 mois prévu au départ (ce qui est encore aujourd’hui le procès le plus long de l’histoire judiciaire française). Après 350 heures d’audience. La Cour condamne Maurice Papon à 10 ans de réclusion et 10 ans d’interdiction de droits (civils, civiques et de famille) à l’issue d’un procès inédit et exceptionnel.

Dès son ouverture le 8 octobre 1997, on le comprend : le procès de Maurice Papon sera celui de Vichy.  Ce qui vaudra un débat très important sur la scène publique et dans les journaux. Marianne titre : « Pourquoi le procès Papon sera un échec ? ». Et un certain nombre de personnes – dont François Mitterrand en 1990 - restent opposés à ce genre de procès tant d’années après les faits pour des raisons pratiques (peu de témoins s ont encore en vie) mais surtout en invoquant l’amnistie voir l’oubli. Mais est-il possible de « passer à autre chose » sans avoir dans un coin de notre tête les heures les plus sombres de notre Histoire ? La réponse est non. Le grand artiste Primo Lévi, rescapé de Monowitz un des camps auxiliaires d’Auschwitz, l’a dit « Qui n'a pas de mémoire n'a pas d'avenir ». Refrain repris par le Général de Gaulle qui aimait à dire que « les peuples n’ayant pas de mémoire n’ont pas d’avenir. » Il était opportun donc d’organiser un tel procès. Même après ceux de Klaus Barbie (1987) et Paul Touvier (1994), car Maurice Papon est le premier haut fonctionnaire de Vichy que l’on juge. Même si il est évidemment réducteur d’incarner l’Etat Français en son unique personne –et c’est cette argument là qui prévaut pour expliquer la relative clémence de sa peine-, elle le représente. La France veut faire avec Papon ce qu’Israël a fait dans les années 1960 avec Eichmann, un procès pour l’histoire et surtout, pour la mémoire.

L’affaire Papon commence par un article du Canard Enchainé datant de l’entre-deux tours de la présidentielle de 1981 dans lequel le journal satirique s’interroge sur son passé vichyste (pour l’anecdote, cette article est la réponse au contrôle fiscal du journal mené par le Ministère du Budget que Papon dirigeait à l’époque). S’en suit de nombreuses plaintes et une instruction qui durera plus de 16 ans avant l’ouverture du procès à Bordeaux.
La France découvre que Papon a été le secrétaire général de la Préfecture de la Gironde spécialement aux « affaires juives » entre Juillet 1942 et Mai 1944 et qu’il était en conséquence impliqué dans la déportation des quelques dix convois transportant 1690 Juifs bordelais.Cependant il a pu après la guerre continuer à mener une vie normale d’homme d’Etat sans être inquiété grâce au résistancialisme ambiant qui régnait alors en France. Papon fut ainsi Préfet de police de Paris sous la présidence de De Gaulle (qui lui remis la croix de de commandeur de la Légion d’Honneur) puis député RPR du Cher et même Ministre du Budget du troisième gouvernement Barre de 1978 à 1981. Par sa condamnation du 2 avril 1997 pour complicité de crime contre l’Humanité, la justice a donc put réparer cette erreur et rappeler par la même occasion l’horreur de ce qui s’est passé durant l’Occupation. Le procès Papon était donc inévitable et souhaitable deux après que Jacques Chirac ait reconnu la responsabilité française dans la déportation des Juifs de France.
Cela pose une autre question : tout ceci est-il suffisant pour honorer le « Plus jamais ça ! » que les Nations Unies avaient affirmé en 1948 ? André Frossard est sceptique : « Cela peut-il recommencer ? La réponse est malheureusement oui. Non pas certes sous la même forme. En matière d’horreur, l’Histoire n’est pas avare de variables. » Hélas.

T. L.

1er avril comme 1er avril 2010 où le gouvernement indien, avec à sa tête le premier ministre Manmohan Singh a décidé de rendre obligatoire et gratuite l'école pour les enfants âgés de 6 à 14 ans.

Cette loi doit "assurer l'accès à l'éducation à tous les enfants, quels que soient leur sexe et leur milieu social" a défendu un premier ministre lui-même issu d'un milieu modeste. Cette politique était devenue indispensable pour combler l'écart béant entre les catégories sociales en Inde. Rappelons le système de caste, officiellement aboli mais qui perdure encore aujourd'hui, hérité d'un féodalisme passé mais qui est un frein majeur au développement du pays.

La réaction est unanime dans les sphères humanitaires indiennes dont l'Unicef par l'intermédiaire de Karin Hulshof, représentante de l’Unicef en Inde qui dit : "La loi sur le droit à l’éducation propulsera l’Inde vers la prospérité en garantissant à chaque enfant le droit à un enseignement de qualité, préalable indispensable à un avenir prometteur". 

Au-delà du caractère uniquement scolaire de cette réforme, on peut souligner que le gouvernement a voulu s'attaquer de manière plus large au travail des enfants. Selon l'Unicef et l'ILO (International Labour Organization) en 2002, on peut dénombrer entre 14 et 100 millions d'enfants travailleurs en Inde. Ce panel très large montre les lacunes du gouvernement indien à mesurer réellement l'impact de ce phénomène. En effet alors que le gouvernement avançait le fait que la loi concernait près de 10 millions d'enfants de cette tranche d'âge, les ONG indiennes en voyaient plutôt 70 à 80 millions. Ce dissensus fait craindre une sous-estimation des moyens financiers engagés dans la réforme par le gouvernement et surtout une application quasi-impossible à mettre en oeuvre avec si peu de moyens. Néanmoins cette loi du 1er avril 2010 mène une politique sociale d'envergure dont l'Inde devra se doter irrémédiablement au vue de sa croissance économique et mondiale.

T. D.