16 avril comme 16 avril 1917, la bataille du Chemin des Dames.

L'offensive "Nivelle" du nom de son commandement en chef George Nivelle est une rupture dans la stratégie française lors de la Première Guerre Mondiale. En effet, les deux armées allemande et alliée s'opposaient frontalement, au prix de centaines de milliers de victimes, sur des territoires très réduits. Une guerre immobile où chacun reprenait ce qu'il avait perdu la veille. Une "absurdité" que Nivelle veut corriger par la force, bien malgré lui. L'objectif sera de prendre le fameux "Chemin des Dames", série de plateaux dans les vallées de l'Aisne où s'installe une ligne fortifiée allemande entre Reims et Soissons. Parallèlement, les anglais ont pour objectif de prendre Vimy. Ironie de l'Histoire, le "Chemin des Dames" était déjà le lieu d'une opposition franco-prussienne en 1814 à la bataille de Craonne qui se solde par une victoire de l'armée napoléonienne pourtant deux fois moins nombreuse. A l'inverse Nivelle disposera de près de 850.000 hommes pour battre les allemands. Sa stratégie se fonde tout d'abord sur une utilisation intense de l'artillerie qui aurait due permettre à l'infanterie d'avancer rapidement. Le mouvement de troupes françaises est un massacre malgré l'aide des 200 chars Schneider et Saint Chamond. Les échecs répétés entrainent des soubresauts de mutineries qui s'intensifient ensuite. L'information arrive à l'Etat-Major allemand qui lance rapidement une contre-offensive. C'est le coup de grâce pour Nivelle qui sera responsable de 200.000 victimes, un chiffre inouï qui fera de Nivelle le "Boucher" de l'Aisne. C'est un choc patriotique, stratégique et psychologique pour les soldats français. Une véritable brutalisation au sens de Mosse qui explique sans doute le soutien unanime à Pétain qui décide de ne plus agir sans l'aide des américains entrés en guerre quelques jours plus tôt, le 6 avril 1917.

TD 

14 avril comme 14 avril 1900 où Emile Loubet inaugure l'Exposition Universelle de Paris.

Depuis 13h la foule d’invités se presse à la Salle des Fêtes. En ce dimanche 14 avril 1900 le président Emile Loubet, élu il y a plus d’un an va bientôt déclarer ouverte l’Exposition Universelle de Paris. Cette exposition aura l’honneur de clore et d’effectuer le « bilan du [XIXème] siècle.» Ce sera la cinquième après celles de 1855, 1867, 1878 et 1889. Les ouvriers français s’affairent depuis trois ans à sa préparation et aujourd’hui les quelques 83 000 exposants venus de France et d’ailleurs sont prêts à commencer la « brillante fête internationale de la paix. » Les Grand et Petit Palais font face au somptueux Pont Alexandre III pendant que les peintures impressionnistes n’attendent plus que les visiteurs au Palais des Beaux-Arts. Tout comme l’écran géant (de 25 mètres sur 15 !) qui patiente sagement avant de pouvoir enfin projeter les réalisations de Méliès et des Frères Lumière. Grâce à la mise en place de l’électricité, l’Exposition sera éclairée la nuit. Enfin, le trottoir roulant de la « rue de l’avenir » a hâte de surprendre les 50,8 millions de personnes qui envahissent la capitale des Arts tandis que de leurs côtés les premiers modèles de voiture se font nettoyer par leurs constructeurs (Peugeot, Renault, Fiat et Ford). Les cent hectares de l’Exposition de 1900 sont parés, elle peut débuter. Sous les applaudissements nourris des 13 000 invités de la salle des Fêtes le président l’inaugure donc chaleureusement. Le lendemain, on pouvait en effet lire en une du Petit Journal : « la France, calme et digne affirmait une fois de plus en face des Nations attentives, son désir ardent de concorde, de paix, de travail. » Et malgré les quelques ennemis de cette fête de la paix, à l’heure du bilan, Gabriel Harotaux écrira très justement dans Le Journal du 12 novembre 1900 que « la France n’a pas à regretter d’avoir conçu une telle œuvre et de l’avoir montré à l’univers. »

T. L.

12 avril comme 12 avril 1996, entrée en Bourse de Yahoo!, symbole de la bulle internet qui destabilisera l'économie mondiale quelques années plus tard.

Créé par David Filo et Jerry Yang à l'Université de Stanford en janvier 1994, le concept Yahoo! connait une ascencion fulgurante durant ces premières années d'existence. Le site devient même en 2004 le plus visité du monde avec en moyenne 3 milliards de pages vues par jour durant tout le mois d'octobre 2004. A peine 2 ans après la création de Yahoo!, l'entreprise est côtée au Nasdaq à la suite de Netscape le 12 avril 1996. Cette percée est extraordinaire car dès son entrée en Bourse, le capital de Yahoo! est de 33,8 millions de dollars. Cela prouve un climat d'hystérie autour de l'Internet sur les marchés financiers. Une bulle spéculative du net qui vient d'émerger, une bulle qui par sa définition est vouée à disparaître. En effet, pour Robert Shiller une bulle « ne peut pas manquer d'éclater, dans la mesure où le prix n'est soutenu que par la perspective d'autres augmentations de prix. Cela ne peut pas durer éternellement » dans Les esprits animaux, Pearson, 2008. La bulle Internet, elle, se concentre sur toutes les nouvelles entreprises qui tournent autour des technologies liées à l'informatique et à la télécommunication que l'on appelle les « start-up ». La bulle internet gonfle la cotation de milliers de start-up à travers le monde, les investisseurs pris dans un mimétisme infernal mettent en avant des fonds considérables sur les marchés financiers, c'est la nouvelle économie. Mais l'économie dans sa globalité est en surchauffe et aucune régulation étatique n'est mise en place: résultat de la politique de déréglementation des marchés financiers des années 80 et 90 voulues par les Etats-Unis sous la pression des théories monétaristes de Milton Friedman. Dès mars 2000, la bulle commence à éclater de toutes parts, les pertes se chiffrent en centaines de milliards de dollars, soit l'équivalent des profits réalisés par les 4300 entreprises du Nasdaq depuis 1995. Ce krach de la bulle internet permettra une remise en cause du système boursier, et seront mis en évidence les fraudes qui ont accompagné le développement frénétique de la bulle comme le scandale Enron. Des plans de restructuration, un endettement massif, des carnets de commandes en berne, voilà le triste résultat de l'éclatement de la bulle spéculative. Pourtant l'économie n'a pas tiré de leçons de ce krach puisque démarre immédiatement une nouvelle bulle, la bulle immobilière qui s'effondre en 2007 avec la crise des subprimes. Voici le produit de la déréglementation des marchés financiers des années 80.

T. D.

10 avril 1938, Edouard Daladier est nommé Président du Conseil.
Les gouvernements du Front Populaire se sont donc succédés et l’état de grâce du printemps 1936 s’est estompé. L’audace du Front n’aura duré qu’un temps. Deux ans après son avènement, la coalition s’essouffle. La dernière tentative d’union nationale autour de Léon Blum qui entend rassembler de « Thorez [ndlr : communiste] à Reynaud [ndlr : radical] » est un échec ; un mois après son institution, Blum démissionne (le 8 avril 1938). Daladier, ambigu dans sa relation avec le Front (il en est à l’origine mais il l’a très vite contesté) est choisi par le Parlement car il incarne une alternative au Front Populaire. C’est la troisième fois qu’on lui demande de constituer un gouvernement après les courtes expériences de Janvier 1933 et de Février 1934. Les radicaux prennent donc seul le pouvoir, aucun affilié S.F.I.O. n’entre au gouvernement : celui-ci glisse à droite. Des membres du centre-droit absents des gouvernements depuis 1936 refont leurs apparitions : Paul Reynaud à la Justice, George Mandel au Commerce et Auguste Champetier de Ribes aux Affaires Coloniales y sont donc admis.
Le refrain de Daladier ressemble à celui de 1936 : « patrie, paix, libertés » est le triptyque retenu (la patrie a remplacé le pain du Front). Malgré cette analogie, Daladier veut rompre avec les mesures du Front Populaire. On retient généralement qu’il autorisa les heures supplémentaires durant son mandat, ce qui remit en cause la semaine de 40h définie par le Front.
« Il faut remettre la France au travail » déclara Daladier à l’été 1938, priorité est donc donnée au redressement économique et financier. Pour relancer la production, le nouveau gouvernement emploie des mesures libérales. La rupture avec le Front Populaire est donc consommée.
Le gouvernement de Daladier sera un des plus longs des années 1930 à une époque où l’instabilité parlementaire était au plus haut car il possédait une autorité sans borne -si bien que certains l’ont assimilé non sans exagération à un dictateur. Ce sera celui qui commença la politique nataliste en France avec l’instauration du Code de la Famille. Ce sera aussi celui qui déclarera la guerre à l’Allemagne le 3 septembre 1939. Et ce, malgré la conférence de Munich (où la France et l’Angleterre ont cédé une partie de la Tchéquie à l’empire nazi pour préserver la paix) qui avait donné tant d’espoir aux pacifistes. Daladier la savait inéluctable en observant l’expansionnisme du IIIème Reich et aurait affirmé en revenant de Munich acclamé par la foule « Les cons n’ont rien compris ! » Le conflit sera la raison de sa perte, en raison de sa mauvaise intervention en Finlande qui capitule le 12 mars 1940 au profit de l’URSS.

T. L.

 8 avril comme 8 avril 1962 où les accords d’Evian sont ratifiés par référendum.
« Approuvez-vous le projet de loi soumis au peuple français par le Président de la République et concernant les accords à établir et les mesures à prendre au sujet de l’Algérie sur la base des déclarations gouvernementales du 19 mars 1962 ? » Telle fut la question à laquelle les Français de métropole eurent à répondre en ce dimanche 8 avril 1962. Elle portait donc sur l’acceptation ou non des accords d’Evian dont il faut rappeler le contenu.
Les négociations entre les représentants de la rébellion d’Algérie organisés autour du Front de Libération Nationale ont donc eut lieu à Evian (lieu choisi car le FLN souhaitait demeurer près de la Suisse où ils logeaient) entre le 7 et le 18 mars. Cette négociation a été très difficile à organiser : il n’a pas été simple de rassembler autour d’une table les belligérants qui se combattent âprement depuis bientôt 8 années. 8 années durant lesquelles les pires exactions ont été commises. 8 années durant lesquelles l’Etat français n’a pas hésité à bafouer le droit international pour maintenir l’Algérie Française. Il faut que cela cesse.
Depuis septembre 1959, la voie de l’indépendance commence à être envisagée au sommet de l’Etat : le Général de Gaulle, revenu au pouvoir un an auparavant, affirme en effet que la seule politique digne de la France est celle de « l’autodétermination ». Ce sont aux Algériens de décider de ce qu’ils veulent : la « francisation » (intégration) ou l’association. Cela ouvre la voie à l’indépendance pour laquelle les Algériens se battent depuis tant d’années. Mais cette prise de position envenime le conflit, les nostalgiques de l’Algérie française (notamment des militaires organisés dans l’Organisation de l’Armée Secrète) ne vont pas quitter le pays de sitôt. L’O.A.S. anime donc quotidiennement la chronique par leurs nombreux attentats, la semaine des barricades à Alger (début 1960) et le putsch mené par « un quarteron de généraux en retraite » (Avril 1961).
Revenons à Evian. C’est donc dans ce climat de peur que de longues et dures négociations s’engagent. Le texte final est dévoilé le 19 Mars 1962. Il affirme l’indépendance de l’Algérie, énonce l’association avec la France qui lui octroiera une aide financière mais entend aussi garantir la sécurité des communautés afin que les Français d’Algérie (appelés communément « Pieds Noirs ») puissent continuer à vivre dans ce nouvel Etat indépendant.
L'ensemble des partis (à part ceux d'extrême droite) ont appelé à voter oui même si ils émettaient des limites. Et il y a 49 ans aujourd’hui 90,7% des votants approuvent ces accords qui mettent ainsi fin à la guerre civile. « Ainsi sera achevée l’œuvre française de décolonisation » écrira plus tard l’artisan de la paix dans ses Mémoires d’espoir. La guerre est donc terminée, place à la paix. Mais un conflit fratricide aussi acharné ne peut s’oublier du jour au lendemain. Le million de Pieds Noirs est donc contraint au retour en France que beaucoup n’avait encore jamais vu. Il restera néanmoins encore un problème : l’O.A.S. n’acceptera jamais ces accords et persistera dans la terreur sous l’infâme credo de « Laissons l’Algérie telle que nous l’avons trouvé en 1830 ! »

T. L.