Le pari pascalien de François Mitterand.
Ce que l'on nomme communément la construction européenne de nos jours est le fruit, mûr pour certain, pourri pour d'autre, d'une longue et passionnante aventure historique. Justement, cette Europe est bien le résultat d'une pensée imprégnant les hommes, impulsée par eux et inscrite dans l'histoire. C'est pourquoi il paraît plus que judicieux de faire un bref saut dans le passé pour comprendre le présent notamment à travers le président qu'était François Mitterrand. Cet homme apparaît, avec un peu de recul, être un acteur majeur incontournable d'une certaine idée de l'Europe. Jean Pierre Chevènement nous livre son analyse de l'homme Mitterrand dans son livre La France est-elle finie? pour que nous ayons les clés nous permettant de connaître et comprendre notre passé!
-La psychologie mitterrandienne: un élément explicatif du pourquoi!
Il ne sera question ici que de la vision européenne de François Mitterrand et non de ses voltes faces, postures, combinaisons qui ont jalonné sa "carrière politique".
Le pari pascalien de Mitterrand peut se résumer ainsi:" le pari grandiose d'un au-delà des nations appelé "Europe"". La première chose à savoir est de connaître l'origine de ce pari?
D'après Chevènement, suite à l'échec du plan de relance de 1981 et à l'alignement sur les standards économiques de l'époque, l'Europe était le seul moyen pour François Mitterrand de donner un sens à son premier mandat et "ce fût encore plus vrai pour le second".
Pour autant, même si ce dessein est devenu l'objectif majeur de cet homme, il devait être motivé par une expérience, une idée, une vision de la France ainsi que d'un diagnostic de ces maux pour lui apporter une médicamentation adaptée.
L'Homme Mitterrand était un être extrêmement complexe c'est pourquoi il faudrait disserter pour expliquer en profondeur sa psychologie. Nous avons tout de même des éléments solides, d'après
Chevènement : "De Gaulle avait été l'Homme de la France(...) François Mitterrand voulait être l'homme de l'Europe", en étant l'homme de l'Europe, il laissait une trace indélébile de son action, action d'autant plus importante qu'elle annonçait, traçait une nouvelle voie pour notre pays. Cette conviction prenait tout son sens du moment que Mitterrand ne croyait plus en la France après en avoir pris la "mesure", en atteste cette confidence faite à Jean-Pierre Chevènement en 1979 : "elle ne peut plus, hélas, à notre époque, que passer à travers les gouttes".
Toutefois cette volonté d'Europe convertie avec les divers traités européens n'est que l'aboutissement institutionnel de quelques actions d' hommes frappés par leur époque...
-Une Europe étant le fruit du passé, pensée dans le présent, complétée dans le futur.
Un des éléments fondateur de l'union européenne c'est la condamnation, la hantise, l'épouvante suite au nouveau choc de la deuxième guerre mondiale marqué par des innovations en termes de cruauté et barbarie humaine. Le désir de paix était indiscutable et faire l'Europe paraissait la meilleure chose pour dépasser les querelles entre Etats.
Déjà, après le traumatisme de la première guerre mondiale, l'idée européenne avait déjà surgie! C'est Aristide Briand qui parlait de "mise de la guerre hors la loi" en 1928, avec le pacte Briand-Kellog. Il parlera même marché commun et communauté européenne!
Les hommes qui ont construit l'édifice de l'unité européenne le faisait dans l'objectif d'en finir définitivement avec la guerre qui a ravagé par 2 fois le continent européen!
Pour autant on voit à travers cette construction les traces de l'époque ultra-libérale puisque l'UE a véritablement pris forme en 1992 avec comme principe un libre marché où règne la concurrence libre et non faussée, on y libéralise les mouvement de capitaux, d'hommes et de marchandises aussi bien à l'intérieur de la zone qu'à l'extérieur (avec des nuances tout de même). La monnaie unique, établie avec comme objectif principal de la lutte contre l'inflation était dès le début une monnaie allemande, obéissant aussi à une vision libérale de l'économie.
En d'autres termes, en analysant le cœur économique européen, on s'aperçoit que la mise en place du processus institutionnel s’est faite sur des croyances de l'époque, venues d'outre atlantique, à savoir le libéralisme thatchérien et reaganien... La poursuite de la construction européenne sera donc marquée par des valeurs de notre époque! La crise étant passée par là, peut être assisterons nous à un changement de modèle ou à une accélération du processus d'uniformisation sans tenir compte de l'avis des peuples...là est la question mais c'est un autre débat.
J.B.