1er novembre, comme 1er novembre 1954
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’Algérie semble plus que jamais marquée par des disparités. Les européens (environ un habitant sur dix) ont généralement un niveau de vie bien inférieur à celui de leurs homologues en métropole, mais ils restent néanmoins fermement attachés à leur statut social et refusent toute évolution qui permettrait d’assurer une égalité avec les musulmans.
Les aspirations au changement sont pourtant grandes, d’autant que l’Algérie avait été la terre d’accueil du gouvernement provisoire pendant la guerre. Malgré cela les propositions concédées ne satisfont qu’une élite musulmane européanisée, et le statut de l’Algérie voté par le parlement en 1947 reste profondément inégalitaire. Officiellement le territoire est organisé en 3 départements (Alger, Constantine, Oran) mais la gestion de ces derniers est totalement différente de celle des collectivités de la métropole. L’administration est en effet confiée à un double pouvoir : le gouverneur général, nommé par Paris, détient le pouvoir exécutif, tandis que l’Assemblée Algérienne doit se contenter de compétences financières. Les 120 membres de l’institution sont répartis en 2 collèges : 60 députés sont élus par les 9 millions de musulmans, alors que le million d’européen élit également le même nombre de représentants. Tachant d’obscurcir un peu plus le tableau, le gouverneur général de l’époque, Marcel-Edmond Naegelen, se croit par ailleurs obligé de faire truquer les élections… Souvent dans l’impasse et soumis à des divisions, les mouvements nationalistes algériens voient alors l’occasion d’unir leurs forces dans un combat contre le colonialisme.
Le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) commence dès lors à exercer une influence, d’autant que les revendications nationalistes sont galvanisées par le retentissement de la conférence de Genève de juillet 54 ayant conduit à l’indépendance du Vietnam.
Le jour de la Toussaint 1954, l’insurrection est ainsi lancée à l’appel du jeune Front de libération Nationale (FLN), et une série d’attentats est perpétrée sur le territoire algérien. En métropole, l’écho sera modeste, et l’on veillera à rétablir l’ordre en démantelant la plupart des réseaux du FLN sans trop prendre au sérieux la volonté de ces derniers de négocier l’indépendance de l’Algérie. Il s’agissait pourtant d’un pas significatif en direction d’un conflit tendant à devenir inéluctable.
Illustration : carte des anciennes provinces d’Algérie, 1877
E.Eon