Lecture De Jour en Jour: « L'antisémitisme partout » Alain Badiou et Eric Hazan
« Une vague d'antisémitisme », une « montée générale de l'antisémitisme », tous les termes sont bons pour alerter l'opinion de ce qui serait le nouveau péril du XXIe siècle. Alain Finkielkraut approuve ce constat, ce qui n'est le cas ni d'Alain Badiou ni d'Eric Hazan qui dans leur ouvrage « L'antisémitisme partout » dénonce cette obsession d'utiliser l'argument « antisémite » à tout va.
Commençant leur essai sur le constat simple que l'antisémitisme dans sa forme la plus caricaturale, celle du néo-nazi, n'existe quasiment plus en France (quelques dizaines tout au plus) et n'a aucun avenir politique. D'ailleurs toutes leurs actions sont immédiatement et naturellement rejetées par l'opinion publique, ce qui est heureux en fin de compte. Un constat s'impose: l'antisémitisme n'intéresse plus grand monde contrairement au racisme qui continue malgré tout à persister comme l'ont prouvé les élections de 2002 où le thème central n'était autre que l'immigration et l'insécurité. Aujourd'hui il n'est pas non plus insensé de dire que l'image du « juif » au début du XXe siècle ressemble à celle du Rom à notre époque.
Les deux auteurs continuent sur le rôle ambigü que l'Etat d'Israël joue sur la scène internationale. Ils postulent même que c'est Israël qui cristalliserait les latences antisémites en Europe en utilisant l'exemple de Dieudonné. De plus le soutien grandissant des banlieues françaises à la cause palestinienne peut alimenter la peur d'un nouvel antisémitisme. En effet, pour beaucoup entre « antisionisme » et « antisémitisme », il n'y a qu'un pas. Un pas encore plus raccourci avec la crise économique qui remet à l'ordre du jour la vieille théorie du « juif » financier.
En définitive, l'essai de Badiou et Hazan avait pour objectif essentiellement d'expliquer "traque d'un antisémitisme fantasmatique" en France. Dénonçant le sentiment de culpabilisation envers les juifs menée par les lobbies et groupes de pression juifs n'hésitant pas à hiérarchiser les crimes du XXe siècle en mettant la Shoah comme le pire des crimes. Une classification qui n'a bien sûr pas lieu d'être.
T. D.